Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gogol s’assit le dernier, maugréant toujours dans sa barbe brune, et à plusieurs reprises on put percevoir le mot « gompromis ».

Nul, excepté Syme, n’avait l’air de se douter du coup qui allait être frappé. Quant à lui, il éprouvait la sensation de l’homme qui monte à l’échafaud, mais qui se promet de ne pas mourir avant d’avoir fait un beau discours.

— Camarades ! dit le Président en se levant soudain, cette farce a assez duré ! Je vous ai réunis ici pour vous apprendre quelque chose de si simple et pourtant de si choquant que les garçons de cet établissement, si habitués qu’ils soient à nos folies, pourraient remarquer dans mes paroles une gravité inaccoutumée. Camarades ! nous discutions tout à l’heure des plans d’action ; nous proposions des lieux… Avant d’aller plus loin, je vous demande de confier entièrement et sans contrôle la décision à l’un de nous, à un seul : le camarade Samedi, le docteur Bull.

Tous les regards étaient fixés sur Dimanche. Brusquement, les membres du Conseil se levèrent, car les paroles qui suivirent, sans être prononcées à haute voix, le furent avec une énergie qui fit sensation.

Dimanche frappa du poing sur la table.

— Pas un mot de plus, aujourd’hui, sur nos plans ! Pas la plus mince révélation de nos projets dans cette société !

Dimanche avait passé sa vie à étonner ses com-