Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/99

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— Voilà donc, s’écria-t-il — et, inarticulé, son anglais-polonais devenait presque incompréhensible — voilà donc comment vous renoncez à vous cacher ! Vous dites que vous vous montrez ! Vous vous moquez de nous ! Quand il s’agit de parler sérieusement, vous ne manquez pas de vous enfermer dans une boîte obscure !

Le Président subit avec toute sa bonne humeur l’incohérente diatribe de l’étranger.

— Vous ne comprenez pas encore, Gogol, dit-il paternellement. Les gens qui nous ont entendus dire des bêtises sur le balcon ne se soucient plus de savoir où nous allons ensuite. Si nous avions commencé par nous cacher ici, tous les garçons seraient venus écouter à la porte… Vous ne connaissez pas les hommes.

— Je meurs pour eux, s’écria le Polonais ! Je tue leurs oppresseurs ! Mais je n’aime pas le jeu de cache-cache. Je voudrais frapper les tyrans en plein square.

— C’est bien, c’est bien, dit le Président en s’asseyant au bout de la table. Vous commencez par mourir pour l’humanité, et puis vous ressuscitez pour frapper les tyrans. C’est à merveille. Permettez-moi, maintenant, de vous prier de maîtriser vos beaux sentiments et de vous asseoir avec ces messieurs. Pour la première fois, ce matin, vous allez entendre une parole sensée.

Avec la promptitude empressée qu’il avait montrée dès le début, Syme fut le premier à s’asseoir.