Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/154

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— Voici. Le grand chef qui me jaugea si vite, qui me conseilla de porter mes précieuses lunettes, eh bien, cet homme, par Dieu ! ne m’a jamais vu.

— Comment ? s’écria Syme en dirigeant sur lui son regard tel un éclair. Vous dites que vous lui avez parlé !

— C’est vrai. Mais nous nous parlâmes dans une chambre noire comme une cave à charbon. Auriez-vous imaginé cela ?

— Jamais, répondit Syme, gravement.

— C’est du neuf, en effet, dit le professeur.

Leur nouvel allié était, dans les choses de la vie pratique, rapide comme un ouragan. Au bureau d’informations, il demanda, avec la concision d’un homme d’affaires, les heures des trains pour Douvres. Aussitôt renseigné, il mit ses amis dans un cab, et ils étaient tous les trois dans leur compartiment, ils étaient même montés sur le bateau de Calais, avant d’avoir eu le temps de renouer la conversation.

— J’avais déjà pris mes précautions de manière à être en France pour le lunch, expliqua le docteur. Mais je suis charmé d’avoir de la compagnie. Il m’a bien fallu mettre le marquis en route avec sa bombe, car le Président me surveillait, et comment ! Je vous raconterai cela, un jour. C’était à mourir de rage. Chaque fois que j’essayais de fuir, je rencontrais Dimanche ! Tantôt sa figure m’apparaissait à la fenêtre d’un club, tantôt il me saluait du haut d’un omnibus. Vous direz ce que vous