Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/161

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— Assez ! interrompit Bull. Reprenez vos sens et déchirez ce bout de papier ! Sérieusement, qu’allez-vous faire ?

— Mais ne trouvez-vous pas charmant cet exercice ? demanda Syme pathétiquement. Laissez-moi vous lire mon catéchisme. Il n’y a que quarante-trois questions et réponses, et je vous assure que plusieurs des répliques du marquis sont très spirituelles. Il faut être juste envers ses ennemis.

— À quoi bon tout cela ? fit le docteur Bull, exaspéré.

— À préparer mon défi ! répondit Syme, rayonnant. Quand le marquis aura fait la trente-neuvième réponse, que voici…

— Peut-être n’avez-vous pas prévu, observa le professeur très sérieusement, que le marquis pourrait ne pas faire tout à fait les quarante-trois réponses que vous lui prêtez et qu’en ce cas certaines de vos épigrammes pourraient perdre beaucoup de leur sel.

Syme frappa la table, il était rayonnant.

— Mon Dieu ! s’écria-t-il, que cela est donc simple et juste ! Et dire que je n’y avais pas songé un instant ! Monsieur, vous êtes d’une intelligence bien supérieure à la moyenne ! Vous laisserez un nom.

— Oh ! dit le docteur, vous êtes ivre comme un hibou !

— Il ne reste, poursuivit tranquillement Syme, qu’à chercher un autre moyen de rompre la glace,