Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/165

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— Cela m’a l’air bien extraordinaire, fit le monsieur décoré en regardant le marquis d’un air interrogateur.

— C’est pourtant fort clair, reprit Syme avec une extrême gravité. Toute votre conversation était pleine de désagréables allusions aux faiblesses de ma tante.

— Cela n’a pas le sens commun ! dit le second compagnon du marquis. Pour mon compte, je n’ai pas soufflé mot, si ce n’est pour dire que la voix de cette fille aux cheveux noirs ne me déplaisait pas.

— Eh bien ! s’écria Syme, nous y voilà ! Ma tante était rousse.

— Je commence à croire, dit l’autre, que vous cherchez simplement querelle au marquis.

— Par saint Georges ! s’écria Syme en se retournant vers lui, vous êtes rudement malin !

Le marquis se dressa. Ses yeux flambaient comme ceux d’un tigre.

— Vous me cherchez querelle, à moi ! s’écria-t-il. Vous voulez vous battre avec moi. Bon Dieu ! Jamais personne ne m’a longtemps cherché ! Ces messieurs auront sans doute l’obligeance de me représenter dans cette affaire. Il y a encore quatre heures avant que le soleil se couche. Battons-nous dès ce soir !

Syme s’inclina de fort bonne grâce.

— Marquis, dit-il, votre geste est digne de votre réputation et de votre sang. Permettez-moi