Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/191

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nement régulier quelconque. Le sort du pauvre se confond avec le sort du pays. Le sort du riche n’y est pas lié. Le riche n’a qu’à monter sur son yacht et à se faire conduire dans la Nouvelle-Guinée. Les pauvres ont protesté parfois, quand on les gouvernait mal. Les riches ont toujours protesté contre le gouvernement, quel qu’il fût. Les aristocrates furent toujours des anarchistes ; les guerres féodales en témoignent.

— Dans un cours d’histoire d’Angleterre à l’usage des petits enfants, dit Syme, votre théorie pourrait n’être pas déplacée. Mais, dans les circonstances présentes…

— Voici son application à ces circonstances : la plupart des lieutenants de Dimanche sont des millionnaires qui ont fait leur fortune dans le Sud-Africain ou en Amérique. C’est ce qui lui a permis de mettre la main sur tous les moyens de communication, et c’est pourquoi les quatre derniers champions de la police antianarchiste fuient dans les bois, comme des lièvres.

— Je comprends ce que vous dites des millionnaires, fit Syme, songeur. Ils sont presque tous fous. Mais s’emparer de quelques vieux maniaques est une chose, s’emparer d’une grande nation chrétienne en est une autre. Je parierais mon nez (excusez l’allusion !) que Dimanche ne pourrait convertir à sa doctrine qui que ce soit de normal et de sain d’esprit.

— Cela dépend ! De quelle sorte de gens voulez-vous parler ? dit l’autre.