Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/203

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consciencieux, calmes, très actifs, comme on en rencontre plus fréquemment en France qu’en Angleterre. Quand on lui eut expliqué le cas, il éclata de rire devant la panique de l’ex-marquis. Avec son robuste scepticisme français, il assura qu’un soulèvement anarchiste universel était totalement impossible :

— L’anarchie, dit-il en haussant les épaules, quel enfantillage !

— Et ça ! dit tout à coup le colonel en invitant du geste son ami à regarder du côté de la colline, est-ce aussi de l’enfantillage ?

Ils virent tous alors un vol de cavalerie noire qui s’abattait sur la route du sommet de la colline avec toute l’irrésistible furie des hordes d’Attila. Mais les cavaliers, bien qu’ils allassent à toute allure, gardaient leurs rangs, et les masques noirs restaient exactement alignés à l’avant-garde, avec une rectitude toute militaire. Malgré l’allure précipitée, la masse ne fléchissait pas, mais une différence apparaissait maintenant dont ils purent se rendre compte comme si la pente de la colline eût été une carte disposée sur un plan incliné. Toute cette masse en mouvement formait un seul bloc. Toutefois, en tête de la colonne, un cavalier isolé galopait ; avec des gestes fous des mains et des talons, il excitait son cheval, et l’on eût plutôt cru voir un homme poursuivi par des ennemis qu’un homme à leur poursuite.

Or, même à cette grande distance, les détectives