Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/217

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tout en secouant par un instinct de propreté la poussière de ses habits.

— Tout le monde l’est, affirma Ratcliff.

Cependant, l’aubergiste et son escadron descendaient la rue dans un bruit de tonnerre, tandis qu’une autre troupe poussait des cris et formait la haie, le long de la mer.

Syme saisit une épée entre ses dents, en plaça deux autres sous ses bras, en empoigna de la main gauche une quatrième, et, la lanterne dans la main droite, bondit du quai sur le rivage.

Les autres sautèrent derrière lui, se ralliant au parti qu’il prenait et abandonnant à la foule les débris de l’auto.

— Il nous reste une dernière chance, expliqua Syme en ôtant l’épée d’entre ses dents. Quoi que puisse signifier ce pandémonium, je pense que la police nous viendra en aide. La route, il est vrai, nous est fermée, nous ne pouvons atteindre le poste. Mais distinguez-vous ce brise-lames qui entre dans la mer ? Nous pouvons y tenir assez longtemps, comme Horatius Coclès, vous savez, quand il défendait le pont. Tâchons de résister au moins jusqu’à l’arrivée des gendarmes. Suivez-moi !

Ils descendirent, le long du rivage, jusqu’à ce qu’ils sentissent sous leurs pieds, non plus le gravier naturel, mais de larges pavés. Ils suivirent alors une longue et basse jetée qui s’engageait dans la mer bouillonnante, et, quand ils eurent atteint l’extrémité de cette jetée, ils comprirent