Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/271

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Et alors Gogol, avec l’absolue simplicité d’un enfant :

— Je voudrais savoir pourquoi j’ai tant souffert.

Dimanche ne disait toujours rien. Il se tenait immobile, son puissant menton appuyé sur sa main, son regard perdu au loin dans le vague.

— J’ai entendu vos plaintes l’une après l’autre, dit-il enfin. Et voici, je crois, qu’un dernier arrive, avec des plaintes aussi. Écoutons-le.

Une dernière flamme du grand pot à feu jeta sur le gazon une dernière lueur, qui s’allongea comme une barre d’or fondu. Sur ce rayon clair se détachèrent d’un noir intense les jambes d’un personnage qui s’avançait, tout de noir vêtu. Il portait un habit étroit à la mode de jadis et des culottes à boucles, comme en portaient les valets du château, mais au lieu d’être bleus, son habit et ses culottes étaient d’un noir absolu. Comme les valets, il avait l’épée au côté.

Quand il se fut approché tout près du croissant des Sept Jours, quand il leva la tête pour les dévisager, Syme, dans un éclair fulgurant, reconnut le large visage presque simiesque, les cheveux fauves et drus et le sourire insolent de son vieil ami Gregory.

— Gregory ! s’écria Syme en se levant à demi de son trône : le voici donc enfin, le véritable anarchiste !

— Oui, dit Gregory menaçant et se maîtrisant, je suis le véritable anarchiste.