tons de métal. Vous êtes la Loi, contre qui rien n’a prévalu. Y a-t-il âme pourtant vraiment vivante et libre, qui ne désire enfreindre la Loi, ne fût-ce que parce que vous n’avez jamais été brisés ? Nous autres, les révoltés, il nous arrive sans doute de dire bien des sottises à propos de tel ou tel crime du gouvernement. Mais le gouvernement n’a jamais commis qu’un seul crime : et c’est de gouverner et d’être. Le péché impardonnable du pouvoir suprême, c’est qu’il est suprême. Je ne maudis pas votre cruauté. Je ne maudis pas même (encore que j’eusse quelque raison de la maudire) votre bonté. Je maudis votre paix et votre sécurité. Vous voilà assis sur vos trônes de pierre, d’où vous n’êtes jamais descendus. Vous êtes les sept anges du ciel. Vous n’avez jamais souffert. Oh ! vous qui gouvernez toute l’humanité, je vous pardonnerais tout si je pouvais me persuader qu’une heure seulement, vous avez connu l’agonie dont, moi…
Syme bondit, frémissant des pieds à la tête :
— Je vois tout ! s’écria-t-il, je vois tout ce qui est ! Pourquoi toute chose, sur terre, est-elle en lutte contre toutes les autres choses ? Pourquoi chaque être, si petit qu’il soit, doit-il être en guerre avec l’univers entier ? Pourquoi la mouche doit-elle livrer bataille au monde ? Pourquoi le bouton d’or doit-il livrer bataille au monde ? Pour la même raison qui me condamnait à être seul dans le Conseil des Sept Jours. C’est pour que chaque