Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/98

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qui était, en ce vieux français nasillard, pareil au bruit des grandes armes de fer. Le fardeau de sa faiblesse se détachait de lui, et, fermement, il prit la résolution d’affronter la mort. Il songea que les gens de l’orgue de Barbarie tenaient leurs engagements, selon les lois de l’honneur antique ; il ferait comme eux. La fidélité à sa parole serait d’autant plus glorieuse qu’il l’avait donnée, cette parole d’honneur, à des mécréants. Et son dernier triomphe sur ces fous serait de les suivre dans ce cabinet particulier et de mourir pour une cause qu’ils ne pourraient même pas comprendre. L’orgue de Barbarie jouait une marche avec toute l’énergie et toute la parfaite harmonie d’un savant orchestre ; et Syme distinguait, sous les éclats des cuivres qui célébraient la gloire de vivre, le profond roulement de tambour qui affirmait la gloire de mourir.

Déjà, les conspirateurs s’éloignaient par la porte-fenêtre et par les pièces. Syme franchit le dernier le seuil du balcon. Extérieurement calme, il frémissait dans son cerveau et dans tous ses membres d’un rythme romantique.

Le Président les conduisit, par un escalier de service, dans une chambre vide, froide, mal éclairée. Il y avait une table et quelques bancs. On se fût cru dans une chambre de bord abandonnée. Quand tous furent entrés, Dimanche ferma la porte et tourna la clef dans la serrure.

Le premier, Gogol l’irréductible prit la parole. Il paraissait étouffer de fureur.