Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/33

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qu’un, à brûle-pourpoint, d’être une atmosphère romantique, admit Murrel, mais vous comprenez la situation : soyez notre atmosphère, M. Herne.

Le long visage de M. Herne avait pris l’expression du plus profond chagrin :

— Je suis absolument désolé, dit-il, j’aurais tant voulu rendre service ; mais ce n’est pas ma période.

Tandis que les autres le regardaient d’un air perplexe, il continua comme quelqu’un qui pense tout haut :

— Garton Rogers est l’homme qu’il vous faut. Floyd est très bon, mais il s’occupe plus spécialement de la Quatrième Croisade. Le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de vous adresser à Rogers, de Balliol.

— Je le connais un peu, dit Murrel, regardant les autres avec un sourire en coulisse ; il a été mon précepteur.

— Parfait ! dit le bibliothécaire, Vous ne pourriez pas mieux trouver.

— Oui, je le connais, continua Murrel gravement. Il va avoir soixante-treize ans, il est tout chauve et si gras qu’il peut à peine marcher.

La jeune fille éclata de rire sans façon :

— Bonté divine ! dit-elle ; le faire venir d’Oxford pour l’habiller comme cela !

Et elle montra du doigt avec une gaîté irrésistible les jambes de M. Archer.

— Il est le seul à pouvoir interpréter cette époque, dit le bibliothécaire en hochant la tête. Quant à la difficulté de le faire venir d’Oxford, vous auriez à faire venir de Paris le seul autre homme auquel je puisse songer. Je vois bien un ou deux Français et un Allemand, mais en Angleterre aucun historien n’approche de lui. Garton Rogers est votre homme.