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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/40

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d’agité et de nerveux dans son attitude et dans ses gestes.

— J’ai une faveur à vous demander, dit-elle à brûle-pourpoint.

Puis elle ajouta, assez illogiquement :

— Ce n’est pas une faveur pour moi, car je ne m’en soucie guère ; c’est dans l’intérêt général, pour la société…

— Je vois, je vois… dit Murrel avec gravité, et peut-être un peu d’ironie.

— De plus, c’est votre ami ; je parle de ce Braintree…

Puis son ton changea de nouveau et elle dit avec violence :

— Tout cela, c’est de votre faute ! C’est vous qui avez tenu à nous le présenter.

— Voyons, que se passe-t-il ? demanda patiemment son compagnon.

— Tout simplement que je le déteste, dit-elle. Il a été abominablement grossier et…

— Vraiment ! cria Murrel d’une voix tranchante et qui ne lui était pas coutumière.

— Oh ! dit Olive d’un ton fâché, vous ne me comprenez pas. Je ne demande à personne de se battre avec lui. Grossier, au sens ordinaire du mot, non, mais infatué, obstiné, critiquant la société avec des mots interminables tirés de ses horribles pamphlets étrangers, et vociférant toutes sortes de sottises sur le « syndicalisme organisé » et sur je ne sais quoi de « prolétarien »…

— Ces mots écorchent les lèvres d’une jeune fille, dit Murrel en hochant la tête ; mais j’ai peur de ne pas bien comprendre de quoi il s’agit. Du moment que je ne suis pas chargé de me battre contre lui pour avoir dit : « Syndicalisme organisé » (cela me