Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/45

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dans l’enseignement supérieur fut peut-être malheureuse, car elle laissa à cet homme farouche l’impression croissante, vraie ou fausse, que le partisan de l’Éducation économique des masses n’avait pas lui-même la plus légère idée de ce que signifie : « demande effective ».

Il serait injuste cependant de marquer ce premier fiasco, car le gros homme chauve (qui était un certain Sir Howard Pryce, à la tête d’une très grosse affaire de savons) s’était peut-être aventuré par hasard dans le domaine assez spécial du syndicaliste. Le salon contenait une foule de gens qui n’avaient aucune chance de discuter l’instruction professionnelle ou la loi de l’offre et de la demande. Parmi ceux-ci, inutile de le dire, se trouvait M. Almeric Wister. M. Wister est toujours présent quand vingt ou trente personnes sont réunies dans ce genre d’assemblée mondaine. Il trouvait moyen d’être tellement omniprésent à l’heure du thé dans Mayfair, que quelques-uns ont soutenu qu’il n’était pas un homme, mais un syndicat, et que toute une série de Wister se dispersaient dans les différents salons, tous grands et minces, avec des yeux creux, une tenue impeccable, et tous possédant une voix grave, une barbe et des cheveux clairsemés mais un peu longs, avec un soupçon d’esthétisme. Même à la campagne, dans les réunions similaires, il y en avait toujours un certain nombre, de sorte qu’il semblait que le syndicat envoyât aussi des tournées en province. Wister avait une réputation comme expert d’art, et passait pour très fort sur la qualité des matières colorantes. C’était le genre d’hommes qui se souviennent de Rossetti et racontent des anecdotes inédites sur Whistler. Quand on le présenta à Braintree, ses yeux rencontrèrent d’abord la cravate rouge du déma-