— Au contraire, il va y avoir beaucoup de repos parmi eux.
L’autre parut hésiter, puis dit très rapidement :
— Vous ne voulez pas dire que la grève soit finie ?
— La grève bat son plein, fit Braintree farouchement. Je dis qu’il y aura beaucoup de repos parmi les mineurs. Vous parlez toujours comme si faire grève voulait dire jeter une bombe ou faire sauter une maison. Faire grève signifie simplement se reposer.
— Mais c’est un vrai paradoxe ! s’écria la maîtresse de maison avec une sorte de joie, comme s’il s’agissait d’un nouveau jeu de salon, et que le succès de sa réception fût maintenant assuré.
— J’aurais cru que c’était une banalité ou tout au moins une vérité de Monsieur de la Palice, répliqua Braintree. Pendant une grève, les travailleurs se reposent, et c’est une expérience rudement neuve pour quelques-uns d’entre eux, je vous le garantis.
— Ne pouvons-nous pas dire, fit Wister d’une voix profonde, que le véritable repos est dans le travail ?
— Vous le pouvez, dit Braintree sèchement. L’Angleterre est un pays libre… au moins pour vous. Et pendant que vous y êtes, vous pouvez dire aussi que le plus grand travail est dans le repos. Et alors vous serez tout à fait satisfait de vos idées sur les grèves.
Son hôtesse le regardait avec une expression attentive et mobile, celle dont les gens d’esprit un peu lent, mais très droit, accueillent une opinion avec laquelle il faut compter, et qu’il faut peut-être même respecter. Car quoiqu’elle eût grandi étouffée sous le luxe et la richesse — et peut-être même à cause de cela — elle était absolument sincère et