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CHAPITRE V

La seconde épreuve de John Braintree

Douglas Murrel connaissait le monde ; il connaissait son monde, quoique son heureux attrait pour les compagnies vulgaires l’eût préservé de croire que c’était le monde entier. Et il savait assez ce qui était arrivé : Braintree, amené là pour être réduit au silence, était encouragé à parler. Dans l’intérêt qu’il provoquait entrait peut-être cet attrait des personnes blasées pour n’importe quoi de neuf, monstruosité ou animal savant ; mais la monstruosité faisait bonne impression. Il parlait beaucoup, avec conviction, sans suffisance. Murrel ne manquait pas d’expérience, et il savait que les hommes qui parlent beaucoup souvent ne sont pas vaniteux, parce qu’ils parlent sans s’écouter.

Et maintenant, il savait ce qui allait suivre : les sots avaient eu leur tour : les gens qui ne peuvent s’empêcher de demander à un explorateur arctique s’il s’est plu au Pôle Nord, les gens qui demanderaient presque à un nègre l’effet que cela fait d’être