Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/68

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— Moi non plus ; mais la vérité est que moi aussi j’ai passé toute la nuit dehors, occupé à des recherches. Pas précisément des recherches dans votre période, mais dans une autre, systématique, organisée, remplie de sociologie et de tout ce qui s’en suit. Vous me pardonnerez si je suis un peu étourdi moi-même. Je me demande s’il y a vraiment une si grande différence entre une période et une autre !

— Eh bien ! s’écria Herne avec chaleur, c’est justement ce que j’éprouve. Quels extraordinaires rapprochements on peut établir entre cette période médiévale et mon sujet habituel ! Quel changement intéressant que cette transformation des charges impériales en noblesse héréditaire ! Ne croirait-on pas lire le récit de la transformation des Nals après l’invasion Zamoule ?

— Oh ! bien certainement, dit Murrel avec une ferveur distraite. Eh bien, j’espère que vous pourrez nous faire connaître à fond les troubadours ?

— Évidemment, vos amis et vous savez ce que vous avez entrepris, dit le bibliothécaire. Vous avez creusé tout cela depuis longtemps. Mais je suis un peu surpris que vous vous soyez attachés exclusivement aux troubadours, j’aurais cru que les trouvères s’ajusteraient mieux à votre plan ; je suppose que M. Archer est une grande autorité sur ce sujet.

— Je l’ai toujours trouvé une grande autorité sur tous les sujets, dit Murrel d’un ton réservé. Mais vous savez, moi, je suis ignorant sur tous les sujets, excepté peut-être sur la bière ; il me semble que j’en prends plus que ma part. Allons, M. Herne, levez la coupe brune d’une façon plus joyeuse ! Ne pourriez-vous pas égayer la société d’un ancien air à boire hittite ?

— Non vraiment, dit le bibliothécaire toujours