Page:Chesterton - The Defendant, 1904.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ont bien plus le droit que nous d’agir ainsi ; car eux, avec toute leur idiotie, sont normaux, et nous, nous sommes anormaux. C’est la littérature moderne des personnes cultivées, et non celle des incultes, qui est ouvertement et agressivement criminelle. Des livres recommandant le libertinage et le pessimisme, qui feraient frémir le jeune coursier doté d’une âme forte, se trouvent sur toutes les tables de nos salons. Si le plus sale des vieux propriétaires de la plus sale bouquinerie de Whitechapel osait présenter sur son étalage des œuvres recommandant véritablement la polygamie et le suicide, son stock serait saisi par la police. Ces choses sont notre luxe. Et avec une hypocrisie si grotesque qu’elle n’a quasiment pas son pareil dans l’histoire, nous admonestons les garçons des bas-fond pour leur immoralité, au moment même où nous discutons (avec d’équivoques professeurs allemands) pour savoir si la morale est ne serait-ce que valide. À l’instant même où nous maudissons le roman à sensation parce qu’il encourage le vol de la propriété, nous scrutons la proposition que toute propriété est du vol. À l’instant même où nous l’accusons (de manière tout à fait injuste) de lubricité et d’indécence, nous lisons gaiement des philosophies qui se complaisent à la lubricité et à l’indécence. À l’instant même où nous l’accusons d’encourager les jeunes gens à détruire la vie, nous discutons placidement si la vie vaut la peine d’être préservée.

Mais c’est nous qui sommes les exceptions morbides ;