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CHAPITRE XVIII

Le Loup paye sa dette


Avec les approches de la nuit le camp indien s’anima. Un grand feu fut allumé ; et le whiskey que les Pieds-noirs avaient volé aux trappeurs commença à couler libéralement. Peu à peu, les sauvages s’échauffèrent, et se mirent à danser en chantant leurs exploits. L’orgie ouvrait sa hideuse représentation. Les chevelures des malheureux trappeurs tués dans le combat avaient été étendues au moyen de petites cordes dans des cercles de bois, fixés eux-mêmes à l’extrémité d’une longue perche. Des plumes d’aigle fichées à ces cercles indiquaient que les victimes étaient des hommes, car quand ce sont des femmes, les plumes sont remplacées par un peigne et des ciseaux.

Autour de ces sanglants trophées les Pieds-noirs se livraient à leurs sarabandes accoutumées, tandis qu’un de leurs chefs déclamait le chant de la victoire, avec une éloquence de gestes et d’accent impossible à rendre.

Il était d’une taille géante. Sa tête, coiffée de la peau du d’un buffle, munie de ses cornes, et son visage zébré de bandes de couleurs tranchantes, lui donnaient une physionomie vraiment épouvantable. Des cordons de verroterie et de coquilles de dentalium descendaient de ses cheveux.

Sur ses épaules flottait une robe de bison ; à son cou pendait un collier composé de dents et de griffes d’animaux sauvages ; une sorte