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CHAPITRE XXVII

Un voleur de nuit


Durant la nuit, Iverson fut, une fois, troublé dans son sommeil par une traction de la bride qu’il avait passée à son bras ; mais à l’exception de cette interruption, il dormit profondément jusqu’à ce que les rayons du soleil vinssent baiser l’onde diaphane du lac. Saül Vander était éveillé, et attendait patiemment que son compagnon ouvrit les paupières. En constatant sa paresse, Kenneth rougit.

— Vous avez bien reposé, mon garçon, et je crois que le repos est l’ami de la jeunesse, dit Saül, en souriant.

— Trop bien, trop bien, répondit-il avec embarras. Je ne puis m’excuser d’avoir fermé les yeux, en de telles circonstances.

— Vous avez tort, jeune homme. Après des fatigues comme celles que vous avez essuyées, il est naturel de se laisser aller au sommeil, pendant les longues heures de la nuit. Pour ma part, je suis heureux que vous ayez pris ce dont vous aviez tant besoin. Tandis que vous dormiez j’ai remarqué quelque chose dont vous n’avez pas parlé et ne vous êtes pas plaint, une assez jolie blessure sur la tête. Ç’a été un mauvais coup, ça, mon garçon, vous auriez dû en causer, vous comprenez.

— Avais-je droit de me plaindre à vous qui souffriez cent fois pis ? répliqua Kenneth ?

— J’ai aussi aperçu de bien vilaines marques autour de vos poignets, qui sont pas mal gonflés. On vous les avait cruellement serrés