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Une saisissante expression de satisfaction jaillit sur les beaux traits de l’Indien.

— Le mort n’a plus de terreurs pour Le Loup, dit-il. Ils peuvent maintenant venir et m’emmener. J’ai votre promesse. La langue de Lever-du-soleil ne saurait mentir. Je compte sur elle comme si un Esprit avait parlé.

— Mon pauvre, pauvre garçon !

Le Loup respirait avec difficulté. Il adorait Sylveen de ses yeux resplendissant d’un éclat surnaturel. Et elle, elle savait, elle sentait que cet étrange et sauvage enfant l’aimait. Elle luttait avec ses sentiments. Jamais sa physionomie, animée par ce combat intérieur, ne s’était montrée plus radieusement belle.

À ce moment, des pas se firent entendre. Et bientôt Chris Carrier parut, la tête entourée d’un bandeau.

— Lever-du-soleil, je m’en vais, nous nous quittons !

— Arrêtez. ! dit Sylveen, je veux encore tenter en votre faveur…

— Non, repartit vivement Le Loup, Ménagez vos paroles, et ne les prodiguez pas à cette bête brute.

— Allons, viens ! dit rudement Chris. La langue de cette jeune fille ne le servirait pas. Tu m’as trompé, drôle, mais nous allons régler nos comptes. En avant ! Tu vas me payer cette blessure, capital et intérêts, c’est moi qui le le certifie.

Lever-du-Soleil ! Regardez-moi encore une fois… la dernière ! dit Le Loup se retournant, après avoir fait quelques pas derrière Carrier.

Sylveen attachait sur lui ses yeux noyés de larmes.

— Je suis content ! Lever-du-soleil, adieu !

L’Indien accentue cet adieu d’un regard noyé d’amour et suivit le séide de Mark Morrow.

Sylveen éclata en sanglots.