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CHAPITRE XL

Au fort Garry[1]


— En vérité, c’est un pays monotone que celui-ci, ami Kenneth, dit Abram Hammet. Il est trop plat pour être beau. Les accidents de terrain et le bois manquent. Triste contrée, bien triste ! Jusqu’où s’étend l’établissement, en bas de la rivière ?

— Environ cinquante milles, répondit Iverson. Il fut commencé en l’année 1812, ou à peu près, par un homme énergique et entreprenant, le comte de Selkirk.

— Je sais cela, et je sais encore que le projet du comte faillit avorter. Les malheureux immigrants qui l’accompagnaient eurent à lutter contre de nombreuses difficultés : les inondations, la famine, les sauterelles. Mais Thomas Douglas avait une volonté de fer. Après chaque désastre, il sut ranimer le courage de ses pauvres Highlanders. Il est rare que des hommes aient autant souffert du froid, de la faim et de la persécution. Examine un peu les bords de la rivière Rouge, jeune homme, et tu verras les résultats de la persévérance.

— Il est assez drôle que vous m’ayez questionné sur une contrée dont l’histoire vous paraît si familière, répondit Kenneth avec un sourire.

— Ce fut une grande pensée, reprit le quaker comme se parlant

  1. Ce fort, un des plus importants de la Compagnie de la baie d’Hudson, est situé sur la rivière Rouge, au 52e de latitude.