Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/149

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« Tel fut le discours du chef, et moi j’ajoute : Gloire au plus noble, au plus vaillant de mes aïeux, gloire à Pontiac ! Le coup d’œil de l’aigle était le sien. Plus fine que celle de la volverenne il avait l’oreille. Dans ses membres régnait la force des bisons ; dans son esprit séjournait l’habileté des grands sagamos. Douce comme le miel pour ses amis, sa parole retentissait comme le tonnerre quand il s’adressait à un ennemi.


« Gloire au plus noble, au plus vaillant de mes aïeux, gloire à Pontiac ! »


Cette longue mélopée avait été dite en français, langue que parlent ou comprennent généralement tous les aventuriers du Nord-ouest américain.

Malgré leur ébriété, la plupart des Apôtres l’avaient écoutée avec une attention soutenue, soit qu’ils fussent charmés par la voix mélodieuse de Meneh-Ouiakon, soit par déférence pour leur capitaine, dont les yeux couvaient avec amour la chanteuse.

Mais, à peine eut-elle fini, que l’un d’eux, Thadée, celui qui s’était senti blessé par les couplets de Jacques-le-Majeur, et qui, plus d’une fois, avait tenté d’interrompre la jeune fille, se leva dans un transport de rage.

— On nous insulte ! cria-t-il d’une voix altérée.

— Qui ? Quoi ? demanda l’Écorché.