demi la tête, elle essuya avec sa couverte deux grosses larmes que cette question avait fait perler sous ses paupières.
— N’est-ce pas que tu m’aimes ? murmura Adrien, en ramenant doucement à lui la tête de la jeune fille, au front de laquelle il imprima un baiser.
— Oui, mon frère, je t’aime, et je te sauverai, dit-elle en s’échappant de son étreinte.
Et elle se jeta vers la galerie souterraine, après avoir appelé Maggy.
La vieille Indienne déboucha aussitôt d’un passage latéral en portant à la main une petite lampe de terre.
— Maggy, lui dit Meneh-Ouiakon, il y a bien des lunes, tu étais la femme aimée d’un brave Nadoessis ; on t’appelait la Perdrix-Grise, et quand je perdis ma mère tu pris soin de mon enfance. Mais l’Esprit-du-Mal t’inspira de quitter ton mari pour suivre un Visage-Pâle. Et maintenant tu vis loin des tiens, de ceux dont tu fus l’amour et qui devraient être ton orgueil, ta gloire.
— Que la fille du sachem nadoessis pardonne à la Perdrix-Grise ! dit humblement Maggy.
— Je lui pardonnerai si elle observe mes instructions.
— La Perdrix-Grise les suivra.
— Prends ce mokoman, dit Meneh-Ouiakon en tendant à la vieille squaw un couteau de cuivre qu’elle avait tiré de dessous sa couverte, prends-le, et si quelqu’un,