Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/215

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Afin de résister à tant de puissantes colères combinées pour sa perte, il fallait un courage héroïque, une force surhumaine ; Meneh-Ouiakon possédait le premier, l’instinct de la conservation lui prêta la seconde.

Accroupie dans son canot, elle pagaya pendant deux heures sans regarder une seule fois derrière elle, pour ne pas perdre une seconde dans cette lutte avec les éléments déchaînés.

Mais elle savait bien que son ennemi la poursuivait ; et, par intuition, elle devinait qu’il marchait plus vite qu’elle.

Un cri de joie qui, subitement, comme un éclat de la foudre, domina les rugissements de la tempête, confirma ses funestes appréhensions.

Meneh-Ouiakon alors tourne à demi la tête.

Le canot de Judas n’est plus éloigné du sien que d’une vingtaine de brasses.

Que faire ?

L’Indienne promène autour d’elle un regard rapide.

De plus en plus furieux, le lac enfle ses flots. Dans cinq minutes il sera impossible à une fragile embarcation d’écorce de le tenir.

Mais sur la droite, à peu de distance, se montre le rivage, dominé par une haute montagne jaune comme le safran.

Cette montagne, Meneh-Ouiakon la connaît ; les Nadoessis la nomment Nega-Wadju, c’est-à-dire la