Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/216

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Montagne de Sable, ou les Grands-Sables, suivant l’appellation qui lui a été donnée par les Canadiens-Français.

Le parti de l’Indienne est aussitôt pris.

Elle tourne son canot vers cette falaise.

L’abordage offre des difficultés, du danger, car les lames, après s’être brisées avec fracas à la grève, reviennent, se replient comme d’énormes serpents sur elles-mêmes, et menacent de mettre en pièces tout ce qui tenterait de leur faire obstacle.

Mais Meneh-Ouiakon, bercée depuis son jeune âge sur le lac Supérieur, en sait affronter les furies.

Elle donne deux vigoureux coups de pagaie, se porte à la crête d’une vague haute comme une colline, y maintient adroitement son esquif, arrive à dix pas de la berge, et au moment où la vague qui l’a amenée va se retirer, elle abandonne son canot pour sauter dans l’eau, et s’accroche, avec l’énergie du désespoir, à une roche erratique, empâtée dans le sable du rivage.

Les flots s’éloignent, laissant pour un moment la batture à sec.

Meneh-Ouiakon se hâte de saisir ce court intervalle et franchit les premiers gradins de la montagne.

Là elle est en sûreté ; elle s’arrête pour reprendre haleine. Sa vue tombe sur le lac qu’elle vient de quitter.

Judas s’épuise à imiter son exemple ; il n’y peut