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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/270

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La première bande, ayant un long trajet à faire, partit vers deux heures de l’après-midi ; l’autre ne commença ses opérations qu’à neuf heures du soir.

Tous les traîneaux, avec Dubreuil et quelques hommes de garde, furent laissés au bas du portage.

Le temps était noir, tempétueux. Il soufflait du nord une bise glaciale qui chassait devant elle une aveuglante poudrerie de neige.

Après avoir allumé, sous sa tente, un bon feu, Dubreuil s’étendit dans sa robe de bison et essaya de dormir ; mais l’émotion et le froid l’empêchèrent longtemps de fermer les yeux. Cependant, vers le milieu de la nuit, il finit par s’assoupir, et n’entendit pas la crépitation d’une fusillade nourrie sur les caps qui dominaient le campement.

Des cris tumultueux l’éveillèrent brusquement.

Aux lueurs mourantes de son feu, il vit sa tente envahie par des gens qu’il ne connaissait pas, qui se saisirent de lui, le garrottèrent durement, en proférant en anglais mille malédictions contre les Apôtres.

Ces gens appartenaient aux compagnies de mineurs de la pointe Kiouinâ.

Prévenus par un des déserteurs de l’attaque que Jésus avait projetée contre eux, ils s’étaient mis sur la défensive, et, au lieu d’une victime endormie, incapable de résister, les Apôtres avaient rencontré un ennemi armé jusqu’aux dents, fort par le nombre et la légitimité de