Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pagne, à la forêt. La vie végétale sommeille ; la vie animale paraît éteinte ailleurs que chez l’homme et ses animaux domestiques.

On dirait que notre mère nourricière ne respire plus.

Mais vienne le renouveau ! Ainsi que la baguette d’un magicien, le premier rayon de soleil chasse la torpeur, ravive le souffle, ranime la nature engourdie.

Entendez ! c’est la glace qui craque et se rompt sous l’effort des ondes. Elles bondissent, elles pétillent, elles courent, volent, joyeuses d’échapper à la captivité ; pour leur faire fête, une opulente draperie se plaît déjà à les revêtir. Ce double ruban d’émeraudes, mille fleurs odorantes le diapreront bientôt, demain peut-être.

Haut et loin filent les bandes d’oiseaux aquatiques. De cet arbre, hier ployant sous des concrétions glaciales qui lui donnaient l’air d’une girandole immense, de cet arbre, dont les verts bourgeons fendent, aujourd’hui, leur capsule rougeâtre, s’élève un chant, — chant de reconnaissance sans doute, — c’est celui du rossignol américain.

À sa voix, à son appel, ne tardera pas à répondre le concert des autres virtuoses des bois, auquel se joindra, peu après, la musique des habitants des fleurs et des gazons.

Moins de huit jours suffisent souvent à l’accomplissement de tous ces prodiges annuels.

Ah ! comme il est délicieux, je le répète, de profiter