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ÉCOLE DU CITOYEN.

temple de la Liberté en proscrivant les décrets généraux de prise de corps, pensa que le moment était venu de parler des vices de la Constitution, qui laissaient la carrière toujours ouverte aux prévarications ministérielles ; d’éclairer les citoyens sur l’influence directe du roi sur le choix des membres de la Chambre basse, de son influence sur le nombre des membres de la Chambre haute, et sur les suffrages des uns et des autres par l’appât des places et des largesses dont il peut devenir la source.

On demandera sans doute quelles largesses pouvait faire le prince avec une liste civile assez bornée, vu la multiplicité des places à la nomination de la couronne et l’énormité de leurs appointements, tous à sa charge ? La réponse est facile. C’est que le roi ayant à sa nomination les ministres et les lords de la trésorerie, peut puiser par leurs mains dans le trésor public pour l’exécution de ses projets ambitieux, et y puiser encore pour empêcher les membres du Parlement de connaître de ses déprédations. Or, la demande en reddition de comptes ne passant qu’à la pluralité des voix, il est toujours le maître de s’y opposer, en s’assurant de la majorité des votants.

Pour remédier à ces abus et aux maux cruels qui en sont la suite, Marat propose doter à la couronne la nomination des députés, qu’une multitude de petits hameaux a le privilège d’élire, et cela en noyant les électeurs dans la masse de leurs contrées respectives. Celui de créer des pairs, pour le conférer au Parlement, astreint lui-même à n’en faire usage qu’en faveur des plébéiens qui auraient rendu des services signalés à la patrie. Il propose encore : d’exclure du Parlement tout

citoyen tenant une place quelconque à la disposition

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