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JEAN-PAUL MARAT.

du roi ; enfin, de décréter que la vérification des comptes du gouvernement et de l’état du trésor public soit ordonnée toutes les fois que trois membres de la Chambre basse en feraient la motion motivée.

Ces sages mesures, surtout celle d’une plus égale représentation du peuple, devinrent plus tard l’objet de la faveur populaire ; la question agitée en Parlement y fut fortement appuyée. Quelque temps après, l’exclusion de tout citoyen tenant une place à la disposition du roi passa en plein.

L’état de fermentation populaire où se trouvait alors la Grande-Bretagne devint pour Marat une occasion favorable de faire perdre à la cour sa funeste influence sur les élections. D’autre part, un Parlement décrié par sa vénalité touchait à sa fin ; le moment d’élire le nouveau approchait ; sur lui, écrit Marat, reposait toutes mes espérances.

« Il s’agissait de pénétrer les électeurs de la nécessité de faire tomber leur choix sur des hommes éclairés et vertueux ; le seul moyen praticable était de réveiller les Anglais de leur léthargie, de leur peindre les avantages inestimables de la liberté, les maux effroyables du despotisme, les scènes d’épouvante et d’effroi de la tyrannie, en un mot, de faire passer dans leur âme le feu sacré qui dévorait la mienne. J’avais, en langue française, un travail tout prêt ; mais le moyen de faire accueillir d’une nation fortement prévenue contre tout ce qui sent l’étranger, un livre, s’il ne paraissait dans l’idiome du pays ? Je le traduisis, et pour intéresser davantage à sa lecture, je tirai de l’histoire d’Angleterre presque tous les exemples à l’appui de mes principes. Dévorer trente mortels volumes, en faire des extraits, les adapter à l’ouvrage, le traduire et l’imprimer, tout