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Page:Chevremont - Jean-Paul Marat, esprit politique, t. 1, 1880.djvu/33

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ÉCOLE DU CITOYEN.

cela fut l’affaire de trois mois. Le terme était court, il fallait toute mon activité, et mon ardeur était sans bornes ; pendant cet intervalle, je travaillai régulièrement vingt-et-une heures par jour —, à peine en prenaisje deux de sommeil, et pour me tenir éveillé, je fis un usage si excessif de café à l’eau qu’il faillit me coûter la vie, bien plus encore que l’excès du travail.

« L’ouvrage sortit enfin de dessous presse. Le désir extrême que j’avais qu’il vît le jour à temps soutint mon courage jusqu’à cette époque : aussi, lorsque je l’eus remis aux publicateurs, croyant n’avoir plus rien à faire que d’en attendre tranquilîement le succès, tombé-je dans une espèce d’anéantissement qui tenait de la stupeur : toutes les facultés de mon esprit étaient étonnées, je perdis la mémoire, j’étais hébété, et je restai treize jours entiers dans ce piteux état, dont je ne sortis que par le secours de la musique et du repos. »

L’objet de tant d’amour, de travail, d’espérance ; le livre avec lequel Marat, alors âgé de 3i ans, espère ramener irrévocablement les électeurs de la Grande-Bretagne aux principes de liberté ; le livre où se manifeste pour la première fois la haine de l’auteur contre la tyrannie porte le millésime de 1774, et a pour titre :

The

CHAINS OF SLAVERY.

a work wherein

The clandestine and Villainous attempts of princes to ruin liberty

are pointed out,