la baguette au démon, vint le consulter sur les scrupules que cette opinion éveillait en elle. Le père Lebrun lui conseilla de demander à Dieu la grâce de ne laisser aucun doute sur ce sujet, « et le prier de ne pas permettre que la baguette tournât jamais entre ses mains si le démon avait part à ce tournoiement ; qu’il se pourrait pourtant bien faire que nos prières ne fussent pas exaucées, mais qu’il y avait lieu d’espérer que le démon n’agirait pas quand on prendrait ces précautions ; qu’au reste, ce ne serait pas tenter Dieu, et que la prière qu’elle ferait était renfermée dans ce que nous demandons chaque jour d’être délivrés des ruses et des insultes du démon.
L’avis est agréé, Mlle Ollivet passe deux jours en retraite, communie, fait sa prière en recevant le pain sacré, et je (le père Lebrun) fais la même chose à l’autel.
L’après-dîner, on fait mettre plusieurs pièces de métal dans une allée du jardin ; elle y va, prend. la baguette, passe plusieurs fois sur tous ces endroits : mais la baguette ne se remue point. On met les pièces de métal à découvert, on les approche de la baguette : elle est immobile. Enfin on avance vers un puits, où autrefois on avait vu tourner la baguette et se tordre avec violence entre les mains de la demoiselle, et à présent on n’aperçoit pas le moindre signe d’agitation. […] l’occasion de prendre la baguette se présenta peu de temps après ; elle ne put se dispenser de tenir une baguette sur quelques pièces de métal, en présence de plusieurs personnes qui savaient qu’aupa-