abîme qu’on a au-dessous de soi, au même moment pour ainsi dire, on se jette irrésistiblement du côté opposé à l’abîme, poussé par l’instinct de la conservation qui lutte contre une tendance au mouvement en sens contraire, déterminée par la vue de l’abîme. Cette tendance est encore remarquable lorsqu’on se trouve sur un pont sans garde-fou, placé au-dessus d’un précipice ; ce précipice, vu d’un côté du pont, vous fait jeter du côté opposé, et vous met dans le même état d’anxiété que celui auquel vous avez voulu vous soustraire. Ainsi, sollicité successivement en deux sens opposés, vous êtes frappé de stupeur et réduit à l’immobilité, si même la crainte trop vive de tomber du côté où vous êtes ne vous fait pas courir le danger de vous jeter du côté opposé. Telle est, dans le cas dont je parle, la position d’un homme qui n’a pas été habitué à marcher dans une voie étroite sus pendue sur un abîme, tandis que l’homme qui a cette habitude y marche aussi sûrement que dans un grande route, par la raison que, libre de frayeur, il ne pense pas au danger que redoute le premier. Enfin la position de celui-ci pourrait devenir plus critique encore, s’il venait à découvrir la profondeur de l’abîme en même temps que, suivant de l’œil le vol d’un oiseau, le jet ou la chute d’une pierre, il aurait déjà obéi jusqu’à un certain point à cette tendance qui nous porte vers un corps en mouvement (288).
295.Dans la Lettre que j’adressai, en 1833, à M. Ampère, sur une classe particulière de mouvements musculaires, je dis en note qu’il n’est pas impossible