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Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/28

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diſant que l’Univers énigmatique, & la Grandeur d’Âme, étoient deux productions excellentes ; mais on ne crut point à ſes éloges intéreſſés : & la Marquiſe, appréciant le mérite de l’Auteur Italien, jugea que tous les Ouvrages de ce moderne Scuderi n’étoient qu’une froide rapſodie & une compilation ſeche & découſue de quantité de bons livres qu’il avoit gâtés en les découpant mal-adroitement. Toutes les bonnes choſes qui paſſoient par la plume de cet écrivain, perdoient leur mérite réel, telle qu’une eau claire ſortant de ſa ſource, perd ſa pureté en paſſant par la fange. Qu’importe, le titre faſtueux de Marquis, la qualité pompeuſe de Colonel, & le ton impoſant d’un Éditeur Liégeois, avoient ſéduit le Public imbécille ; & le Libraire Baſſompierre avoit déjà aſſuré la dot de deux de ſes filles ſur le produit des Ouvrages admirables de M. le Marquis de Caraccioli, tandis que le premier Éditeur de Dom-Quichote eſt mort à l’hôpital. Bizarrerie ſinguliere qui n’annonce que trop la corruption du bon goût, & la décadence des lettres.

La Marquiſe revenue de ſon aſſoupiſſement, ouvrit un recueil de 72 Journaux qui paroiſſoient tous les mois pour la honte de la raiſon, l’ennui des lecteurs, & la ruine des Libraires. Le Journal de Trévoux qu’elle parcourut, lui parut écrit paſſablement, mais elle trouva mauvais que l’au-