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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/126

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sations sans fin. Un jour Mme Fercy étant entrée dans l’atelier au moment où le bohème critiquait le « caractère hiératique de la manière de Pérugin », avait dit à son mari : « Que ton jeune ami est donc savant ! » Parfois Julia assistait à ces débats artistiques. Elle ne pouvait s’empêcher de comparer à la timidité, à la réserve d’Henri le laisser-aller, l’assurance du bohème qui permettaient à celui-ci de tenir tête à M. Fercy, Henri, qui n’était d’ailleurs âgé que de vingt et un ans, finissait par lui sembler un « bébé », tandis que Francisque, dont la barbe florissante insultait aux poils follets d’Henri, faisait véritablement à la jeune fille l’effet d’un homme accompli.

Rêves de la vingtième année, c’est ainsi que la réalité vous dissipe. Julia n’était pas encore dans l’âge où l’on aime longtemps les hommes qu’on traite de « bébés ! » Puis Francisque, qui tombait en pamoison devant les œuvres de M. Fercy, se moquait habilement des tableaux de Julia, qu’admirait tant Henri, et il n’y a rien comme une raillerie ménagée et bien lancée peur faire impression sur le cœur d’une jeune fille. Chaque effort tenté par Julia pour que Francisque effaçât