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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/127

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la trace de ses railleries la détachait de son premier amour.

Le bohème fut tout de, suite indispensable à la famille Fercy. Henri ne tarda pas à s’en apercevoir, car malgré l’invitation peu aimable qui lui avait été faite, on conçoit qu’il n’avait pas cessé de fréquenter la maison de sa Julia. Autrefois il n’avait qu’à venir y aimer. Maintenant il fallait qu’il y vînt défendre les droits de son coeur, droits si méconnus. Ce qu’il avait souffert au dîner de M. Jacquin, Henri trouvait la force de l’endurer très souvent encore chez M. Fercy ; dès qu’il ouvrait là bouche, Francisque lui démontrait par l’algèbre de la fantaisie qu’il était dans l’erreur ; une fois par visite le bohème le poignardait avec cette phrase : « Vous n’avez pas assez vécu pour savoir ces choses-là » ou avec ce tronçon de phrase : « Quand vous serez en âge d’aimer sérieusement… » Et Julia approuvait. Et Julia riait. Et le rusé bohème s’y prenait de telle sorte que jamais Henri ne trouva l’occasion cherchée depuis si longtemps de montrer qu’il avait l’âge et surtout le courage de tenir une épée. Francisque avait trop peur qu’un duel ne ravivât dans le cœur de Julia l’amour près de s’éteindre.