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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/137

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miroir, ce qui lui restait d’argent. Il lui restait, pour vivre trois mois, 190 francs 45.

Il se dit que c’était peu ; il ne se dit point que ce n’était pas assez. Il arrangea ainsi son existence. Le matin et l’après-midi, il irait aux cours. Entre les cours, il prendrait une tassa de chocolat dans une crèmerie. Vers cinq heures, il ferait un bon repas. Le soir, il travaillerait à la bibliothèque Sainte Geneviève ; ce qui lui économiserait le feu et la lumière. Après avoir mené trois ans cette existence, que mènent bien plus d’étudiants qu’on ne croit, il serait avocat.

Il aurait le droit de défendre en justice la famille et la propriété ; il aurait le droit et le pouvoir d’être utile !

Au commencement, tout alla bien. Il fit ce qu’il avait décidé de faire. Disons tout de suite qu’il le fit de mauvais gré. L’étude de la jurisprudence lui apportait chaque jour une nouvelle désillusion. Il avait été séduit, l’esprit juste, le cœur sincère, l’âme ardente, par une science humanitaire qu’il n’avait vue qu’en toilette d’apparat, qui lui avait semblé admirable en scène et à laquelle il ne soupçonnait pas de coulisses.