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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/153

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cette avance fut moins bien reçue que les avances pécuniaires qui avaient, pendant ces quatre années, permis à Henri de tenir honorablement son modeste rang dans le monde. On était alors en été. Julia devait se trouver à Morlancourt. Or, ce plaisir que recherchent tous les amants inassouvis, de voir, du fond d’une salle de spectacle ou de l’angle d’un salon, si la femme qu’on a tant désirée est encore aussi belle ou est enlaidie, a l’air heureux ou malheureux, Henri eût parfois peut-être vendu son âme pour le goûter. Mais aller montrer à Julia ses traits amaigris, ses regards jaloux, aller porter à la parjure le plaisir de se dire : « Il m’a aimée, donc il m’aime ! » voilà ce que ne voulait pas faire Henri.

Il resta à Paris. Il y était retenu aussi par l’impérieux besoin de publier son ouvrage. Courut-il assez, écrivit-il assez de lettres, courtisa-t-il assez de libraires des plus hauts et des plus petits ! Je ne les raconterai pas, les angoisses, les supplices si souvent décrits, de l’aspirant à la gloire. Pendant trois mois, au bout desquels Henri n’avait plus ni sous, ni vêtements, ni libres de quelque valeur, il connut les premières tortures qui ont été l’é-