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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/180

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caleçon, regardant, pour s’exciter à plonger, les baigneurs.

L’un d’eux poursuit des dents un morceau de bois, et, remuant bras et jambes, tâche que sa bouche arrive à ce bâton de Tantale. Chacun de ses mouvements secoue une vague et le navire imprenable s’éloigne. Le nageur double de vitesse. Victoire ! Il a saisi le bâton ! Mais, tout à sa capture, le vainqueur oublie qu’il est dans l’eau et ne fait pas ce qu’il faut pour se maintenir à la surface. Le voilà qui boit.

Cette eau qu’il avale l’empêche de songer à son prisonnier ; entre deux eaux, il lève les bras, donne un coup de pied et revient, sain et sauf, à l’air pour voir le bâton, déjà loin qui, se dandinant sur l’eau, semble narguer le vainqueur vaincu.

Ainsi du bonheur. Nous passons la vie à le poursuivre. Dès que nous le tenons, notre imprudence, nos passions ou l’imprudence et les passions des autres, qui tombent sur nous comme le plongeur que voici sur le baigneur que voilà, nous font desserrer les dents.

Henri, qui avait continué sa promenade nocturne, se trouva tout à coup devant l’église Sainte-Clotilde ; il y entra. À cette