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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/181

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heure matinale, l’église, déjà obscure quand le soleil en échauffe les vitraux, était noire. Le gardien, occupé à ouvrir les portes, n’avait encore allumé aucun flambeau. Seule, au milieu du chœur, l’éternelle lampe brillait. En songeant à l’immuabilité de cette lumière, emblème de la foi, le poëte, dont la foi en Dieu était maintenant éteinte, eut honte. Il prit un siége, qu’il plaça à deux pas de l’autel ; puis, se ratatinant, il s’assit, fatigué d’avoir trop marché et pensé, et, les yeux sur cette lampe, rêva. Alors, par-ci par-là, des flambeaux s’allumèrent ; un prêtre vint saluer le grand autel et, tout étonné de voir un homme arrivé avant lui près du Christ, se prépara à dire la messe dans une chapelle voisine ; des pas frappèrent les dalles, les chaises remuèrent, un religieux murmure de lèvres répondit au chuchotement du prêtre et la voix argentine de la sonnette réveilla Henri de sa torpeur.

Il se leva et, sans vouloir y croire, vit une foule agenouillée devant l’hostie. On raconte que la religion est morte. Que faisaient donc, avant six heures du matin, à cette première messe, les deux cents personnes qui causèrent une si grande