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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/22

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si habile ! Laisse-moi donc faire une chose qui d’abord te paraîtra peut-être pénible, mais dont tu me remercieras plus tard. D’ailleurs mon notaire et M. Jacquin, qui t’aime tant, l’ont sanctionnée. Je prépare honnêtement, consciencieusement ton bonheur, ne vas pas t’en fâcher. Moi, je n’ai jamais servi à personne, à rien. Nous sommes au monde pour y jouer un rôle. Le mien va seulement commencer à mériter quelque attention ; je veux mourir en donnant un vrai homme à la société. Mais il faut pour cela que tu sacrifies ta jeunesse ; je m’expliquerai bientôt ; d’abord permets-moi de te déshériter.

Sans donner le moindre signe de dépit ou même d’étonnement :

— Je suis encore trop jeune, mon cher oncle, dit tranquillement Henri, pour tenir à l’argent. Je te remercie des bons soins que tu m’as fait donner jusqu’alors ; quant à ta fortune, tu en es le seul maître ; à toi d’en disposer comme tu le juges convenable.

De ses deux mains, le vieillard approcha de ses lèvres le front de son neveu, en souriant légèrement ; puis il reprit :

— Puisque tu ne t’y opposes pas, je ne