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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/221

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S’ils étaient intrigués, s’ils formaient conjectures sur conjectures, on s’en doute. Je ne sais qui dans le village, s’étant souvenu que M. Bernier était le notaire de Jean Astier, avait comparé tout haut la position présente d’Henri à celle que le pauvre garçon était en droit d’attendre, et, de cancan en cancan, on en était venu à dire que M. Bernier avait réuni les conseillers municipaux uniquement pour chercher avec eux un moyen de corriger le testament en faveur du jeune homme. S’il y a moins de badauds à Morlancourt que dans n’importe quelle rue de Paris, il y a plus de curieux, plus de nouvellistes ; c’est ce qui explique pourquoi, pendant que MM. les conseillers attendaient impatiemment que M. Bernier eût donné une pâture à l’avidité de leur esprit, la foule s’amoncelait autour de la mairie.

Un homme même semblait s’intéresser tout particulièrement à la délibération du conseil. L’oreille appliquée contre celle des portes de la salle du conseil qui donnait sur la rue, il écoutait tout ce qu’on disait dans cette salle. Et aucune des personnes qui attendaient respectueusement autour de la mairie la sortie des conseillers ne se fût permis d’éloigner de