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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/239

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— Voyez, lui dit Julia en désignant les Poëmes humains et quelques numéros du journal dans lequel Henri avait publié des articles, j’étais avec vous…

Et cette phrase si gracieuse, Julia la prononça d’une telle façon qu’Henri se plut moins encore à la saisir dans son ensemble qu’à entendre le mot qui la terminait et dont la jeune femme avait fait un « toi » déguisé.

— Oh ! moi, répondit-il, sous le charme de ce mot, je n’ai jamais cessé d’être avec vous…

Voilà donc l’aveu que, épouse ennuyée, attendait Julia, — que, coquette, elle désirait, — et dont, amante, elle avait soif.

Elle saisit la main d’Henri et, couvrant le poëte d’un regard qui l’enveloppa de volupté, elle lui dit :

— Racontez-moi tout.

Tout ce qu’il avait souffert pendant ces cinq années, il le lui raconta. Il lui dépeignit cet amour, dont l’ardente flamme n’avait pas cessé de lui dévorer le cœur, ce cœur qui pourtant, au milieu de l’incendie, renaissait toujours, de sorte qu’Henri se demandait parfois si ce n’était pas précisément cette flamme qui le faisait vivre. Il lui retraça ses rêves dans