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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/272

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triompher des dédains de ce géant, qui, après tout, n’était qu’un esclave !

— Elle s’est envolée ! disait la mère.

Mabel, en effet, après ces quinze jours d’émotions, quand retentit le coup de sifflet, qu’elle n’attendait qu’une heure plus tard, résolue comme on l’est après une nuit d’insomnie, d’impatience, de larmes, Mabel prit l’élan de l’hirondelle et disparut, rasant la terre.

Quelques instants après, exténuée, sans haleine, elle arrivait sur la route de Philadelphie, où le géant, ce jour-là, allait et venait, faisant ses exercices comme un patineur.

Elle le regarda : elle était rouge, essoufflée, enfiévrée. Il passa devant elle, la toucha presque, mais ne s’arrêta pas.

— Oh ! mon Daniel ! mon beau Daniel ! mon cher Daniel ! cria-t-elle.

— En voilà une petite enthousiaste ! dit un des deux hommes que traînait le géant. Son père est probablement du métier.

Et, pour amuser la jeune fille, dont l’admiration le flattait, il appuya sur différents pistons ; Daniel revint sur ses pas, s’arrêta, se pavana, regarda Mabel en souriant. Elle lui montra sa lettre. Il