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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/53

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« Coucou ! » chantait l’oiseau qui, ne sachant construire un nid, fait comme les gens qui n’ont pas-d’esprit, et prend le nid des autres.

Ce cri surprit Henri et lui fit lever la tête. Une papillonne volait autour de lui, si belle et si resplendissante qu’on eût dit une rivière de diamants que Zéphir enlevait pour sa maîtresse. Aussi quatre ou cinq papillons étaient ils épris d’elle ; ils la suivaient, lui bourdonnant d’amoureux murmures, et la belle volage coquetait avec l’un, avec l’autre. Cela peina Henri, qui se souvint que l’on compare l’espèce humaine à la gente papillonne. Et, levant les yeux au ciel, il parut lui demander si Julia serait jamais capable de faire comme cette papillonne !… Il aperçut alors une tourterelle qui sautait de branche en branche, jouant au jeu d’amour avec sa tourterelle. Et les voletaient l’une après l’autre, se caressant mutuellement de l’aile quand elles se rencontraient, puis se becquetaient en roucoulant des notes si tendres qu’il oublia les papillons pour se pencher vers Julia.

Et les jeunes gens, enivrés, furent quelque temps sans parler. Bientôt même Henri sembla à Julia trop songeur.