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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/93

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que tu connaisses la cause, parce que tu verras en moi l’effet.

Las d’être induit en erreur sur la grande route, je me suis alors faufilé dans les petits sentiers. Ce qu’on y voit, tu le sais. Hélas, à force d’y rencontrer de laides gens et de laides choses, on s’imagine, immense danger de la curiosité, que rien n’est beau ! Ils ne déraisonnent pas tant qu’ils en ont l’air, ces gens qui voudraient nous imposer des sciences ou des religions toutes faites. C’est le chemin tracé, qu’il faut suivre !

Il est bordé de préjugés, pavé de mensonges, mais on y voyage plus sûrement, on s’y salit moins surtout que dans les sentiers ombreux où je me suis embourbé.

Puis la corruption a un affreux mirage d’une puissance infernale. On se sent dans le ruisseau, on en compte les horreurs, dont le nombre et l’intensité révoltent. Pourtant l’on reste là, fier de tenir tête au vice et de braver le dégoût, et quand on a ainsi commencé, on finit bientôt par trouver à cette boue des splendeurs.

Ô mon ambition, où m’as-tu mené ! Devenu pauvre, je voulais devenir un Socrate. Diogène d’occasion, je n’ai, par une