Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/136

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semonde est instruite de mon projet de passer chez elle une partie de l’automne, & il faudra au moins que j’attende de recevoir une lettre pour pouvoir prétexter une affaire qui me force à partir.

Adieu, madame ; jamais ce mot ne m’a tant coûté à écrire que dans ce moment où il me ramène à l’idée de notre séparation. Si vous pouviez imaginer ce qu’elle me fait souffrir, j’ose croire que vous me sauriez quelque gré de ma docilité. Recevez au moins, avec plus d’indulgence, l’assurance & l’hommage de l’amour le plus tendre & le plus respectueux.

De… ce 26 août 17…

Suite de la lettre XL.

Du vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil.

A présent, raisonnons, ma belle amie. Vous sentez comme moi que la scrupuleuse, l’honnête madame de Tourvel ne peut pas m’accorder la première de mes demandes, & trahir la confiance de ses amis, en me nommant mes accusateurs ; ainsi en promettant tout à cette condition, je ne m’engage à rien. Mais vous sentez aussi que ce refus qu’elle me fera, deviendra un titre pour obtenir tout le reste ; & qu’alors je gagne, en m’éloignant, d’entrer avec elle, & de son aveu, en cor-