Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/80

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remédier. Ah ! vicomte, vicomte, vous m’apprenez à ne pas juger les hommes par leurs succès ; & bientôt, il faudra dire de vous : Il fut brave un tel jour. Et quand vous avez fait sottise sur sottise, vous recourez à moi ! Il semble que je n’aie rien autre chose à faire qu’à les réparer. Il est vrai que ce serait bien assez d’ouvrage.

Quoi qu’il en soit, de ces deux aventures, l’une est entreprise contre mon gré, & je ne m’en mêle point ; pour l’autre, comme vous y avez mis quelque complaisance pour moi, j’en fais mon affaire. La lettre que je joins ici, que vous lirez d’abord, & que vous remettrez ensuite à la petite Volanges, est plus que suffisante pour vous la ramener ; mais, je vous en prie, donnez quelques soins à cet enfant, & faisons-en, de concert, le désespoir de sa mère & de Gercourt. Il n’y a pas à craindre de forcer les doses. Je vois clairement que la petite personne n’en sera pas effrayée ; & nos vues sur elle une fois remplies, elle deviendra ce qu’elle pourra.

Je me désintéresse entièrement sur son compte. J’avais eu quelque envie d’en faire au moins une intrigante subalterne & de la prendre pour jouer les seconds sous moi : mais je n’y vois pas d’étoffe ; elle a une sotte ingénuité qui n’a pas cédé même au spécifique que vous avez employé, & qui pourtant n’en manque guère ; & c’est, selon moi, la maladie la plus dangereuse que femme puisse avoir. Elle dénote, surtout, une faiblesse de caractère presque toujours incurable, & qui s’oppose à tout ; de sorte