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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/273

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du Voyage de Siam.

ficur. Il a répondu par des complimens, en ajoutant qu’il eſtoit ravi de voir la grande union de la maiſon de France ; que c’eſtoit ſa force : que quand les Princes n’avoient de volonté que celle du Roi, un Etat eſtoit invincible : que la deſunion dans les Maiſons Royales de Mataran & de Bantam les avoit perdues ; & en levant les yeux au Ciel, il a ajouté d’un air ſérieux & triſte, qu’il ignoroit ce que le grand Dieu ordonneroit de la ſienne. Je croi vous avoir dit qu’il n’a que deux freres tous deux fort inquiets, & qu’il tient ſous la clef. Enfin ce Roi a beaucoup d’eſprit, & eſt fort habile. Depuis plus de trente ans qu’il regne, il a toujours fait toutes les affaires de ſon royaume, eſt tous les jours plus de huit heures à différens conſeils ; eſt l’homme du monde le plus curieux. Je ne l’avois pas encore ſi bien veu : il eſtoit fort prés de nous, & ſe levoit quelquefois debout. Il eſt aſſez maigre ; a de grands yeux noirs, vifs, pleins d’eſprit. Il parle vîte, & bredouïlle ; a une phiſionomie d’un bon homme. Il ne ſera point damné, il connoît à demi la vérité : Dieu lui donnera la force de la ſuivre. Il nous a fait entendre que M. d’Héliopolis & les Miſſionnaires n’eſtoient entrez à la Chine que par ſon moyen ; & cela eſt vrai. Il a témoigné de la joie d’apprendre la réunion des Miſſionnaires à la Chine & dans les Indes. Il fait bâtir des égliſes : il va accorder inceſſamment de grands avanta-

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