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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/275

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du Voyage de Siam.

pleurer ici, & qu’il s’en retourne en Europe, ſi je le priois d’aller à Rome faire mes complimens au ſaint Pape, & lui porter quelques préſens de ma part ; qu’en dis-tu ? M. Conſtance lui répondit, qu’il ne doutoit pas que je ne me chargeaſſe volontiers des ordres de ſa Majeſté ; & que je me ſerois un grand honneur de porter à ſa Sainteté des marques de l’eſtime particuliere d’un grand Roi, principalement ſi ſa Majeſté vouloit bien aſſurer le ſaint Pape par ma bouche, qu’à ſa conſidération & à celle du Roi tres-Clirétien, elle donneroit à l’avenir dans tous ſes Etats une protection particuliere à la Religion Chrétienne. Le Roi lui dit : Bon, bon ; je le fierai. Et de fait, hier aprés avoir parlé d’affaires & de complimens avec M. l’Ambaſſadeur, ſa Majeſté me demanda, s’il eſtoit vrai que je connuſſe le ſaint Pape. Je lui répondis qu’ouï, & que même j’eftois le premier homme du monde qui lui euft baiſé les pies un peu avant ſon exaltation. Puis que cela eſt, me dit-il, je vous prierai de faire à Rome quelques commiſſeons pour moi. Il n’en dit pas davantage, & ce ſera à l’audiance de congé qu’il me parlera en forme. O ça, avouons la vérité : ne ſuis-je pas bienheureux ? & ne pouvant demeurer ici, pouvois-je retourner en Europe d’une maniere plus agréable & plus convenable à un Eccléſiaſtique ? J’ai eu le ſervice de Dieu en veuë en venant, & je l’aurai encore en retournant. Il eſt beau

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